Sok Visal : un artiste à cent à l'heure ! (INTERVIEW EXCLUSIVE)

Sok Visal : un artiste à cent à l'heure ! (INTERVIEW EXCLUSIVE)

Le vendredi 14 octobre prochain aura lieu le deuxième concert en France par les artistes de KlapYaHandz. Vuthea et Ruthko, stars montantes du Cambodge, seront présents pour représenter l’émergence du Hip-Hop sud-est asiatique ! Pour l’occasion, nous rencontrons aujourd’hui Sok Visal, fondateur du label KlapYaHandz (entre autres), qui nous a volontiers ouvert sa porte.

 

Hello, peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Bonjour, je m’appelle Sok Visal, je suis né au Cambodge en 1971 avant de venir vivre en France pendant 18 ans, puis aux Etats-Unis pendant 2 ans. Depuis 1993, je suis maintenant au Cambodge, et je gère actuellement trois compagnies. Une dans le secteur musical, le label “KlapYaHandz”, une dans le secteur du cinéma, une boîte de film “802 Films”, et également une qui permet notamment d’aider les boîtes de production étrangères à venir produire au Cambodge, notamment en leur trouvant des techniciens, un support logistique, etc. 

Si je devais me présenter en un mot, je dirais que je me considère comme un artiste, car l’art et la créativité, c’est ce qui m’intéresse et me définit le plus. J’ai été graffeur, rappeur, directeur créatif, directeur artistique, et même si par la force des choses, je suis aujourd’hui entrepreneur et je dois gérer trois entreprises, je n’ai jamais quitté le monde artistique. 

Né au Cambodge, tu as par la suite vécu en France et aux Etats-Unis avant de retourner au pays. Quels sont tes premiers souvenirs de ce retour ? 


J’avais 4 ans et demi quand, avec ma famille, nous avons atterri en France. J’ai vécu 18 ans en France, dont 10 ans à Aulnay-sous-bois, à la Cité des 3000, qu’on appelle aujourd’hui Cité de la Rose des Vents. Pendant toutes ces années, je ne me suis jamais senti proche de la communauté asiatique, et encore moins de la communauté cambodgienne. Il y en avait très peu autour de moi. Et même si on allait quelquefois manger asiat à Belleville, et qu’on allait de manière très ponctuelle à la Pagode, ce n’était pas ma culture au quotidien. 


Ensuite, je suis parti aux Etats-Unis. Là-bas, je vivais à Providence, dans le Rhode Island, avec toute ma famille qui avait réussi à échapper au régime des khmers rouges. C’est à ce moment-là que j'ai finalement eu un “premier retour aux sources”. 

Là-bas, la communauté cambodgienne est assez importante, il y a beaucoup plus d’asiatiques. Le fait de voyager aussi m’avait ouvert les yeux. J’étais plus enclin à l’exploration, la découverte. 

Après deux ans, je suis revenu en France. Mais ce n’était pas chez moi. Je ne me sentais pas forcément à ma place, j’ai occupé des postes dans le domaine de la sécurité, mais je savais que ce n’était pas ma voie. 


Je suis donc retourné au Cambodge en 1993. Avant d’arriver à Phnom Penh, j’ai fait un passage à Singapour. Là, j’ai été très surpris : je ne pensais pas qu’un pays du sud-est asiatique pouvait être aussi avancé et moderne. Ça a déjà totalement chamboulé la vision que j’avais de cette partie du globe. 


Le retour au Cambodge lui, était tel que ce que j’imaginais d’un pays après la guerre : aéroport en mauvais état, une chaleur incroyable, de la poussière partout, des routes détruites. C’était littéralement le far west. Mais très vite, je me suis senti chez moi. Je suis (re)tombé amoureux de mon pays, de ses habitants et de son décor. 

 

Tu es quelqu’un de très actif. Peux-tu nous décrire une journée de travail type ? 

Alors, ma journée type aujourd’hui est très différente de ma journée type pré-covid. Avec le confinement, j’ai appris à mettre un coup de frein sur mon mode de travail et sur ma vie en général. Avant ça, j’étais à fond et à cent à l’heure, sur plein de projets en même temps et ça m’a d’ailleurs causé quelques problèmes au niveau de ma famille. 

Aujourd’hui, je travaille toujours autant, mais de manière plus optimisée. Je pense à moi, ma famille, ma santé. Je prends le temps de ralentir et j’arrête de courir après les projets, je prends plus de temps pour prendre des décisions.

Je suis assez matinal, généralement, je me réveille vers 5h30 du matin et je pars de chez moi à 6h, pour arriver au boulot vers 6h30/7h. S’il ne pleut pas, je fais 1h de sport avant de me mettre au travail, puis j’enchaîne avec des meetings avec mes équipes, on se met sur tous nos projets. 

En ce moment on avance pas mal avec KlapYaHandz sur le rebranding de nos 13 artistes, on travaille sur les différents EP, albums, concerts… Au niveau de 802 Films, on avance sur plusieurs scripts en même temps. Donc voilà, du lundi au vendredi j’enchaîne. Si je n’ai pas eu le temps de faire ma séance de sport le matin, je la fais en journée vers 16h30, avant de reprendre une nouvelle session de travail. Généralement c’est dans ces créneaux-là que je cale des visio avec la France ou les États-Unis. Ensuite, je finis ma journée entre 19h30 et 21h grand max.

Je rentre ensuite profiter de ma famille, je me repose et j’essaie de me coucher assez tôt, vers 23h au plus tard. 

Quelle est la chose dont tu es le plus fier aujourd’hui ? 

Parmi les choses dont je suis le plus fier, c’est déjà le fait que KlapYaHandz soit toujours debout après 17 ans d’activité. Je suis fier de ce que j’ai fait pour la culture et la musique au Cambodge depuis ces 17 dernières années, à développer avec un ami à moi la culture hip-hop à travers le pays et ailleurs depuis près de 20 ans, à faire en sorte que ce style devienne mainstream. C’est une vraie fierté pour nous d’avoir pu être les premiers à faire des remix entre sons plutôt traditionnels et sons urbains plus modernes, comme le jazz, le blues ou encore le reggae. Avec le label, on a aussi été les premiers à gérer des artistes internationaux depuis le Cambodge. 

Je suis fier également d’avoir participé à la production de 5 films ces 10 dernières années. 

Aujourd’hui, tout ça c’est beaucoup de fierté, mais aussi des années de galère, il faut le dire. On ne parle pas souvent de l’envers du décor. Durant toutes ces années, ce sont donc beaucoup de leçons apprises, qui font de moi ce que je suis aujourd’hui et qui me servent de fondations pour les 20, 30, voire 50 prochaines années. Je suis prêt. 

Que peut-on te souhaiter pour la suite ?

Pour la suite, je vais tout simplement continuer à faire ce que j’aime faire : de l’art. 

Après deux ans de covid-19, on restructure aujourd’hui les boîtes, les temps ont changé, il y a de plus en plus d’arrivants sur le marché, ça devient compétitif. Donc on continue de s’améliorer, on relance nos artistes, on rebrand notre image. Ce qu’on peut me souhaiter c’est de signer de nouveaux artistes sur le label, à la fois locaux et internationaux. Augmenter la fréquence des spectacles, concerts et tournées. J'aimerais bien pouvoir organiser une tournée en Amérique avec l’ensemble de mes artistes.

Au niveau du cinéma, ce serait de développer de nouveaux projets de longs métrages, des séries ou encore des films d'animation. 

Et pour l’aspect un peu plus personnel, il faut savoir que je mixe depuis toujours, en privé, en soirée avec des amis et autre. J’aimerais bien aujourd’hui pouvoir en faire une carrière professionnelle, sous mon nom de scène StillCashRules, et pouvoir mixer dans toute l’Asie du Sud-Est et au-delà. 

Voilà tout ce qu’on peut me souhaiter ! Je suis plein de projets en tête, je m’amuse tous les jours et je ne suis pas prêt de m’arrêter. 

Merci beaucoup à Sok Visal d’avoir répondu à nos questions ! 

 

 

Projection “Poppy goes to Hollywood” de Sok Visal, 2016

Le Jeudi 13 Octobre de 16h à 17h30, entrée gratuite sur inscription

Poppy Goes to Hollywood, est un des rares films dont les personnages principaux sont des membres de la communauté LGBT au Cambodge. Prenant le parti de la comédie pour toucher un public large, le film met ainsi en lumière les discriminations subies par la communauté LGBT et diffuse un message de tolérance. 

👉 Pour participer à la projection, inscrivez-vous ici !

📍Commune Image
8 rue Godillot, 93400 Saint-Ouen
(M13) à Garibaldi (M14) Porte de St-Ouen

 

Retrouvez le en compagnie de deux artistes phares de son label, Vuthea et Ruthko, le vendredi 14 octobre 2022 à partir de 20H, dans la prestigieuse salle du Millésime (Montévrain 77) ! 


👉 Toutes les infos sur le concert sont à découvrir ici !

👉 Ne manquez pas l’événement : accéder à la billetterie en ligne !

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